jeudi 21 février 2013

Tony B Liar et l’Internationale


Victor Ginsburgh

Qui connaît encore l’Internationale ? Ni François le Français, ni Elio le Belge, et certainement pas Tony le Brit, qui pourtant se disait travailliste. Il est vrai que nous avons toujours eu quelque raison de nous méfier des Outre-Manchards. A l’exception du grand Churchill. Au moins lui buvait sa, ou plutôt, ses bouteilles de Champagne tous les jours, en tout cas après s’être exilé à l’hôtel Mamounia à Marrakech (1). Avant cela on a dit que c’était du Scotch  (et bien d’autres choses), néanmoins, un honnête homme et un homme honnête.

Mais presque comme disait Marc Antoine dans le Jules César de Shakespeare « I came to bury Caesar, not to praise him », je ne suis pas venu pour chanter les louanges de Winston—et il n’est plus nécessaire de l’enterrer—mais pour vous dire les faits d’armes de celui que les Britanniques eux-mêmes ont fini par appeler B liar, B le menteur, après son adoubement (2) par le grand ami G. W. Bush, ses aventures liées aux armes de destruction massive, et les quelque 400.000 morts irakiens qu’ils y ont tous deux laissés, sans le moindre remords.

Dans un article étonnant, L’Echo (3) écrit que Tony the Liar est devenu trader et possède « une myriade de petites sociétés réunies dans un immeuble de cinq étages, au cœur des quartiers diplomatiques de Londres. Ces sociétés occupent une centaine de personnes » qui travaillent pour le menteur en réalisant du trading financier, notamment au Koweit (beaucoup de pétrole), en Sierra Leone (beaucoup de diamants), au Canada (beaucoup de schistes bitumineux) et au Rwanda (beaucoup de besoin en armes pour les aventures dans l’est du Congo). L’équipe de B Liar, ajoute L’Echo, s’occupe aussi de gestion d’actifs, de conseil en investissement (il n’est pas précisé dans quelles industries, mais on peut faire marcher son imagination, surtout si elle est fertile) et compte deux professionnels, l’un ayant travaillé chez Lehman Brothers (ben quoi, il avait perdu son boulot en 2008), l’autre chez J.P. Morgan. Tous des gens honnêtes, évidemment.

L’Echo poursuit que les activités sont menées dans les règles de l’art sur le plan juridique, et ajoute, sans rire, « malgré une certaine opacité ».

Et le menteur n’est présent à Londres que pendant deux mois par an, parce que le reste de son temps il est pris par des conférences au Proche-Orient, où il est le représentant du « quartet » et n’arrête pas de faire la Paix au Moyen-Orient. C’est d’ailleurs lui qui a inventé la phrase « résoudre la question israélo palestinienne est à la fois urgent et vital ». Si vous ne me croyez pas allez voir son site web http://www.quartetrep.org/quartet/. Il discourt aussi en Afrique et en Asie où ses conférences sont vouées « à œuvrer pour le bien commun ».

Quelle farce, mais plus on se moque du peuple, plus ça marche. Et on s’étonnera qu’un jour ledit peuple en aura marre et se remettra à chanter « c’est la lutte finale ».

(1) Lors d’une visite scientifique à Marrakech, Jaskold et moi y serions bien restés aussi, si nous avions eu le même nombre de dinars (ou de dirhams) que Winston.
 (2) Au Moyen-Age, l’adoubement était la cérémonie au cours de laquelle le jeune noble était fait chevalier et recevait des armes. Bof !
(3) Johann Harscoët, Tony Blair, un king du trading, L’Echo du 16 janvier 2013.

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