jeudi 30 octobre 2014

Les banques « stress-testées» par la Banque Centrale Européenne


Victor Ginsburgh

Cent vingt-trois banques de la zone euro ont été soumises à ce qu’on appelle des « stress tests » par la Banque Centrale Européenne pour évaluer leurs moyens de résister à une nouvelle crise. Les résultats de ces tests de santé financière au 31 décembre 2013 ont été annoncés dimanche 26 octobre 2014, après dix mois de travail auquel ont participé quelques milliers d’employés de banque, de consultants, d’auditeurs pendant les 10 premiers mois de l’année 2014 (1). Malgré tout ce beau monde, la présentation de ce dimanche a été retardée, parce que des erreurs de dernière minute ont été découvertes dans le rapport (notamment dans le cas d’une banque italienne).

Vingt-cinq banques (les chiffres varient de 23 à 25, selon les sources (2)) ont été recalées pour insuffisance de moyens, mais une dizaine d’entre-elles ne doivent semble-t-il pas s’inquiéter, parce qu’elles avaient déjà pris des mesures entre fin 2013 et le jour où le test est sorti. Mais...


Il en reste 14 ou 13 qui ne sont toujours pas débarrassées de leur rhume (et qui devront prendre des mesures), dont deux belges, Dexia (on pouvait s’en douter) et Axa Bank Europe, une filiale belge de l’assureur français. Aucune banque française n’est grippée, par contre.

J’ai trouvé assez amusant (si je puis ainsi m’exprimer) que dès la publication, les (mé)faits belges ont reçu le pardon du Gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, qui monté sur son perchoir, a déclaré qu’aucune des deux banques ne devra prendre de mesures pour remédier à la situation (3).

En effet, Dexia est en voie de démantèlement, donc il n’y a aucun problème : elle ne devra pas augmenter son capital. On se demande tout de même pourquoi, s’il n’y a aucun problème, ladite banque a été soumise au test. Mais la finance a ses raisons que la raison ne connaît pas.

Et Axa ne devra pas non plus prendre de mesures supplémentaires car elle a, au cours de l’année 2014, « poursuivi ses ventes d’actifs liées à des ventes non stratégiques pour diminuer son profil de risque et a procédé à des augmentations de capital de telle sorte qu’elle satisfait dès à présent aux exigences fixées par la BCE » (3).  On se demande quand même pourquoi elle n’a pas dans ce cas bénéficié des mêmes droits que les dix autres qui ont été sorties de la liste des 24 (ou 25) dont question plus haut.

Fortis et ING, filiales de groupes étrangers, ont réussi le test, mais le Gouverneur n’est pas en mesure de préciser quels sont les résultats des deux entités belges. « On espère en savoir plus dans quelques mois » aurait-il ajouté.

La Banque Centrale Européenne a aussi découvert chez une ou plusieurs banques quelque 136 milliards d’euros de « prêts troubles ». Je ne sais pas ce que « trouble » veut dire ici, si ce n’est peu clair, d’autant plus que ces prêts avaient, d’après The Economist (1), été jusqu’ici cachés par les banques.

Sinon, tout va donc très bien selon le Gouverneur, mais il ajoute que, « ce n’est pas le moment de baisser les bras et de penser que tout est en ordre ». Oui mais, est-ce en ordre ou n’est-ce pas en ordre. On aimerait savoir (4).

Et continue le même Gouverneur, le secteur bancaire belge doit poursuivre ses efforts en matière de rentabilité « parce que le reste du monde le fait aussi ».

Et cela n’a pas tardé, BNPFortis vient de m’appliquer un nouveau droit de 0,15 euros, appelé « droit d’écriture ». C’est quoi ça, comme si je ne savais pas écrire.



(2) BBC News en compte 24—Twenty-four European banks fail EBA « stress test’, BBC News, October 26, 2014, http://www.bbc.com/news/business-29777589. Le Monde parle de 25—La BCE dicte sa loi aux banques, Le Monde, 28, octobre 2014.

(3) Stress tests : Dexia et Axa Bank Europe ont une comptabilité conforme, Trends Tendances, 27 octobre 2014 , http://trends.levif.be/economie/banque-et-finance/stress-tests-…er-27/10/2014&utm_medium=Email&utm_campaign=Newsletter-RNBDAGLV


(4) Comme le dit un article du Monde du 29 octobre 2014 : « Secteur bancaire : Tout va très bien, madame la Marquise ! La BCE s’est voulue rassurante sur la bonne santé des banques eropéennes ; les données qu’elle publie le sont beaucoup moins. » 


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