Victor Ginsburgh
Voici ce que vient d’écrire l’écrivain franco-libanais
Amin Maalouf, auteur
des Identités meurtrières :
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Amin Maalouf |
« Après chaque attentat, on
se demande, avec angoisse, quand le cauchemar va s’arrêter enfin. Mais, dans la
mesure où ces actes ont leur origine dans la désintégration politique et morale
de plusieurs pays arabes et musulmans, il serait peu réaliste d’espérer que
cette démence se révélera passagère. La tragédie est si ample et si profonde
qu’il faudra des décennies pour la surmonter. Personne, dans ma génération,
n’en verra le bout » (1).
Je crois entendre presque mot pour mot la réponse que
m’a donnée en 1987,
il y a 28 ans, un certain Maxime Rodinson que beaucoup d’entre nous ont
malheureusement oublié.
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Maxime Rodinson |
Je sortais ce jour-là d’une conférence que nous avions organisée à la
mémoire de Marcel Liebman, professeur de science politique à l’Université Libre
de Bruxelles, décédé en 1986. J’avais été chargé, à l’issue de la conférence,
de conduire Maxime Rodinson à l’aéroport, où il avait un vol pour Paris
[c’était bien avant le TGV] et nous devisions en route.
Rodinson et Liebman avaient tous deux bu au biberon marxiste et leur
critique politique, sociologique et historique en était imprégnée. Ils étaient
tous deux Juifs, non religieux ni croyants évidemment, et étaient tous deux
opposés à la politique israélienne de l’époque, qui était bien plus tendre que
ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Rodinson était un spécialiste du Proche
Orient et de l’Islam (2). Liebman s’intéressait plutôt aux grandes figures du
marxisme et du léninisme et aux problèmes de la classe ouvrière belge (3).