jeudi 5 mai 2022

Nous sommes sur le point de gommer la violence des colons en Palestine occupée

Victor Ginsburgh

Ce qui se passe en Ukraine est monstrueux et nous fait oublier ce qui se passe dans les territoires occupés par les Israéliens. On aurait tant aimé que le départ de Netanyahou change les choses. Il n’en est rien, hélas. 

Il y a des dizaines d’années que la violence israélienne contre les Palestiniens en Cisjordanie a été faite de « carnages », dont le but était d’expulser les Palestiniens de leurs espaces publics et privés, en volant un dunam (environ 1 000 mètres carrés) après l’autre, gagnant ainsi une source d’eau par-ci ou une citerne par-là.

Un rapport de B’Tselem (1) qui suit de près les violences et les vols israéliens a calculé l’espace que cinq colonies illégales prises au hasard en Cisjordanie ont pu s’approprier. Cet espace est de 28 000 mètres carrés. D’après un vieux colon, l’estimation que les 150 colonies et fermes individuelles ont réussi à voler aux Palestiniens s’élève à près de dix fois plus. 

Cette « mission » israélienne est basée sur le fait que les Palestiniens « violent » les fêtes juives et le Shabbat (samedi) en particulier. Elle consiste à couper et à brûler les oliviers, incendier les mosquées, vandaliser les véhicules, voler des récoltes, utiliser des drones qui espionnent les Palestiniens, lâcher des chiens pour attaquer les fermiers et les bergers, jeter des pierres et allumer des feux qui peuvent se transformer en incendies.

Palestiniens inspectant un olivier après une attaque de colons en Cisjordanie occupée

L’impuissance des forces de loi et d’ordre israéliennes face à la violence des colons n’est en aucun cas un échec bureaucratique. Si l’establishment politique et légal le voulait, il pourrait trouver des moyens de mettre un terme à cette terreur juive. La raison de cette « impuissance » est simple et le rapport qu’en fait B’Tselem l’explique : le gouvernement et les colons partagent le but commun d’annexer le plus possible du territoire palestinien en Cisjordanie et de pousser les Palestiniens à s’installer dans les aires densément peuplées et non contigües, de les empêcher de construire, de se connecter à l’électricité et à l’eau.

Un grand nombre de communautés palestiniennes continuent à vivre sur leurs terres, malgré les conditions difficiles que les israéliens leur imposent. Des attaques armées par les colons, protégés par l’armée dont les soldats ne seront pas rendus responsables, ont réussi là où les actions officielles ne l’ont pas : les Palestiniens sont empêchés d’arriver à leurs terres et abandonnent souvent leur logement, envahi par les colons. 

L’indifférence de la société civile israélienne est manifeste. Israël paiera un jour où l’autre.


(1). The Israeli Information Center for Human Rights in Occupied Territories. Allez voir https://www.btselem.org et vous aurez des exemples récents de brutalités que font subir les Israéliens aux Palestiniens.
(2). Ce texte est largement basé sur un éditorial de Haaretz, Israel must deal with settler violence sooner rather than later, Haaretz, 15 novembre 2021.

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